Eco-pâturage équin

Qu’est-ce que c’est ?

L’éco-pâturage  est aussi appelé éco-pastoralisme.

L’éco pastoralisme est une solution alternative de gestion écologique des milieux par des herbivores issus de races rustiques. Il fait appel à leur comportement alimentaire pour assurer l’entretien du milieu par le broutage de l’herbe et de la végétation. Il permet une diminution de l’impact environnemental : réduction des intrants et des déchets, fertilisation naturelle des sols, absence de pollution sonore, etc. Cette technique permet notamment l’entretien des zones difficiles d’accès (zones humides, broussailles, sous-bois, milieux pentus, etc.).

L’éco-pastoralisme ou éco-pâturage est une méthode ancienne que nos ancêtres utilisaient très largement en zone rurale et montagneuse. Cette méthode tombée en désuétude après la Seconde guerre mondiale au profit de l’entretien mécanique et du désherbage chimique, consistait à confier l’entretien des espaces aux herbivores.

L’éco-pastoralisme fait depuis peu un retour en force, bénéficiant de la prise de conscience générale pour l’environnement et le maintien de la biodiversité. Le but principal de l’éco-pâturage n’est pas la rentabilité économique mais le maintien ou la restauration du milieu tout en limitant les coûts de gestion.

Ce mode d’entretien des terres permet le maintien de la biodiversité et la promotion de races peu valorisées, mais il a également un bon nombre d’autres atouts.

© E. Rousseaux - Grands noirs du Berry

© E. Rousseaux – Grands noirs du Berry

Avantages

  • Restauration, maintien ou développement de la biodiversité ;
  • Diminution de l’impact environnemental (réduction des émissions de carbone, zéro traitement, fertilisation naturelle, zéro déchet, zéro bruit, etc.) ;
  • Substitution / complémentarité à l’entretien mécanique ;
  • Entretien des zones difficiles d’accès (zone humide, broussaille, sous-bois, milieu pentu, etc.) ;
  • Création d’un site agréable pour les promeneurs et autres usagers, notamment pour les enfants : admiration d’animaux au look atypique, environnement agréable et animé !
  • Lieu d’échanges et de découvertes / Lien social ;
  • Participation à la conservation et à la promotion des races anciennes et peu communes ;
  • Atout de communication ;
  • Et même économie en frais de fonctionnement selon les méthodes employées.

Impact du pâturage équin sur les communautés végétales

Les effets directs des grands herbivores sur les plantes sont majoritairement liés à leur prélèvement sélectif et au piétinement (HESTER et al. 2006).

L’action des herbivores sur la diversité des milieux pâturés dépend en effet fortement de la sélectivité des différents types d’animaux (cf. ROOK et al. 2004 pour une synthèse). Le format, la physiologie digestive, la morphologie buccale et dentaire des espèces d’herbivores expliquent des différences de choix alimentaires, et donc d’impact potentiel sur la diversité des couverts. En particulier, le pâturage par les chevaux entraîne la création de zones d’herbes rases, au sein d’une matrice d’herbes hautes peu utilisée pour l’alimentation et où se concentrent les déjections.

Au pâturage, l’application de niveaux de chargements (cumul de poids des herbivores par hectare) contrastés  est un moyen d’agir sur la structure des prairies et la qualité des ressources herbagères. L’intensité du pâturage des herbivores a également des conséquences sur l’évolution de la composition floristique du couvert (peu de références en ce qui concerne les équins).

© ANR – Henson – Pâturage équin dans la Baie de Somme

L’ouverture du milieu par le pâturage et le piétinement des chevaux favorise le remplacement d’espèces compétitives pour la lumière par des espèces de petite taille et/ou compétitives vis-à-vis des nutriments du sol, ce qui permet la coexistence d’un plus grand nombre d’espèces.

En Camargue par exemple, les chevaux ont également limité le développement de certaines espèces pérennes (le roseau Phragmites australis dans les marais, le dactyle aggloméré, Dactylis glomerata et le chiendent Agropyron repens dans les prairies) au profit d’espèces annuelles (pâquerette annuelle Bellis annua).

Impact du pâturage équin sur les communautés animales

Les chevaux favorisent le maintien des espèces animales ayant besoin de milieux ouverts. Comme pour la diversité végétale, l’hétérogénéité structurale générée par le pâturage équin permet la coexistence de plusieurs habitats aux ressources alimentaires complémentaires et dans lesquels insectes et oiseaux sont protégés des intempéries et des prédateurs.

Impact sur les oiseaux

© E. Rousseaux – Camarguais

Plusieurs études, conduites principalement en zones humides, illustrent comment le pâturage équin peut favoriser l’avifaune. En Camargue, un pâturage équin – bovin a permis d’accroître l’abondance des ressources alimentaires des oiseaux d’eau herbivores et granivores (par ex. canard chipeau, Anas strepera, canard colvert, Anas platyrhynchos ; DUNCAN et D’HERBES, 1982). En limitant le développement aérien des plantes émergentes (par ex. scirpe maritime, Scirpus maritimus, phragmite commun, Phragmites australis), les herbivores ont augmenté la quantité de lumière disponible pour les phanérogames et algues submergées consommées par les oiseaux.

Une végétation courte, entretenue par le pâturage équin, peut également favoriser les oiseaux insectivores qui détectent plus facilement leurs proies au sein des zones rases.

Impact sur les petits mammifères

Peu d’études ont analysé l’impact du pâturage par les chevaux sur les populations de petits mammifères.

En Camargue, des prairies à dactyle soustraites au pâturage équin ont été colonisées par le campagnol provençal (Pitymys duodecimcostatus), probablement en raison de l’augmentation de la hauteur du couvert végétal et de l’absence de compaction du sol (DUNCAN, 1992).

Un effet facilitateur du pâturage des grands herbivores vis-à-vis des petits mammifères herbivores a pu être mis en évidence dans l’étude d’OOSTERVELD (1983) où les lapins ont bénéficié des zones rases entretenues par les grands herbivores dont les chevaux, alors qu’ils ne peuvent maintenir eux-mêmes ces couverts ras.

Impact sur les invertébrés

Au sein des prairies, les lombriciens jouent un rôle déterminant dans la préservation de la biodiversité en contribuant à l’alimentation de nombreuses espèces de vertébrés et en agissant sur les migrations verticales de la banque de graines. Des recherches effectuées sur les bords du Rhône montrent que la biomasse lombricienne relativement pauvre d’un milieu non pâturé pendant plusieurs années peut être multipliée par 10 après 3 années de pâturage extensif par les chevaux (NICAISE, 1996).

Une complémentarité avec les bovins qui peut être valorisée en pâturage mixte

© Collection SFET - Landais

© Collection SFET – Landais

Le régime alimentaire des équins au pâturage présente de fortes similitudes avec celui des bovins. Néanmoins, les chevaux utilisent moins largement les dicotylédones (les plantes à fleurs) que les ruminants car ils seraient moins aptes à détoxifier leurs métabolites secondaires (DUNCAN,1992). Ils sont donc plutôt spécialistes des monocotylédones et exploitent préférentiellement les graminées.

Les pratiques de pâturage mixte se fondent sur la complémentarité de la sélection des espèces animales pour utiliser plus complètement des ressources diversifiées.
Dans le Marais poitevin, un pâturage mixte équin-bovin s’est révélé le plus favorable sur le plan de la diversité botanique du fait de l’amélioration de la diversité des zones hautes (peu utilisées par les chevaux) grâce aux bovins. Ces derniers, ne pouvant prélever leur ration journalière sur les zones rases du fait de leur unique rangée d’incisives, se sont reportés sur les zones hautes et y ont limité le développement d’espèces nitrophiles compétitives (les équidés, eux, possèdent des incisives en haut et en bas, qui leur permet l’accès à un couvert plus ras).
En moyenne montagne (Massif Central), l’introduction de chevaux dans un troupeau de bovins a permis d’améliorer la valeur pastorale et la richesse spécifique du couvert du fait du contrôle des graminées de faible valeur alimentaire par les équins.

Il apparait donc que les équidés possèdent de nombreux atouts, complémentaires de ceux des ruminants domestiques, pour préserver ou accroître la biodiversité des prairies.

 

1000 poulinières

Le projet « 1000 poulinières » s’appuie sur la complémentarité des équidés et des ruminants en terme de pâturage.

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 Références Bibliographiques: Fleurance G, Duncan P, Farruggia A, Dumont B, Lecomte T. 2011. Impact du pâturage équin sur la diversité floristique et faunistique des milieux pâturés. Fourrages (Impact of Equine Grazing on the Flora and Fauna Diversity of Grazed Areas. Fodder.)

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